Marchés financier — Un été 2024 chargé 

 La période estivale a été marquée par des événements importants. 

Joe Biden a renoncé à se représenter et les sondages sont désormais plus indécis, notamment dans les 7 états clés (Swing states) des États-Unis, entre Kamala Harris et Donald Trump qui avait jusqu’alors course gagnée. L’incertitude est donc de retour pour les élections américaines du 5 novembre 2024, avec la volatilité que cela induit. 

Les Banques Centrales ont acté la baisse des taux et Jérome Powell a clairement annoncé fin août que la Federal Reserve US entamerait un cycle de baisse des taux mi-septembre. La baisse continue de l’in-flation tant aux USA qu’en Europe (elle est revenue à moins de 2 % en août en France et en Allemagne) ainsi que le ralentissement de la croissance partout dans le monde, justifient cette inflexion dans la po-litique monétaire. Ce mouvement était certes anticipé mais sa mise en œuvre est un soutien à venir à la conjoncture économique, un soulagement pour les finances publiques des pays très endettés et un facteur de relance bienvenu pour le secteur immobilier. 

La hausse des taux met généralement 12 à 18 mois à diffuser ses effets dans une économie. Alors qu’elle avait été particulièrement résiliente jusqu’à présent (contrairement à l’Europe en stagnation depuis de longs mois) l’économie US, dont la croissance au 2e trimestre 2024 a encore atteint 3 % en rythme annuel, commence à montrer des signes inquiétants de faiblesse. Le taux de chômage passé de 3.5 à 4.2 %, le ralentissement de la consommation (alors que le taux de défaut de paiement sur les cartes de crédit s’envole), la baisse de la production industrielle sont autant de signaux avant-coureurs d’un net ralentissement aux USA, à tel point que les investisseurs redoutent désormais une éventuelle récession. L’inversion de la courbe des taux (des taux courts supérieurs aux taux longs), qui dure depuis 2 ans, est également un signal précurseur de récession. De même, le cuivre (indicateur de conjoncture fiable) a baissé de 20 % et le pétrole est revenu à 70$, au niveau de décembre 2021. 

Enfin, les JO de Paris se sont très bien déroulés, redorant le blason de la France et permettant d’at-tendre un rebond de la croissance de 0.5 % au 3e trimestre, qui risque toutefois de demeurer sans lendemain compte tenu de l’incertitude politique. 

Les incertitudes et la volatilité sont de retour 

Sur les marchés, ces éléments ont provoqué : 

Une baisse sensible des taux d’intérêt à long terme, passé de plus de 5 % au pic aux USA à 3.70 % au 6 septembre et de 3.50 % en octobre 2023 à 2.5 % pour le CMS 10 ans en Europe. C’est évidemment un facteur très favorable à la fois pour l’économie et pour les marchés obligataires. 

Nous recommandons depuis 2 ans un positionnement sur les obligations d’entreprises qui offraient un rendement attractif en 2023 (7 %) et un gain potentiel en capital en cas de baisse des taux, qui s’est en partie matérialisé. 

Les taux longs ayant déjà nettement baissé, en anticipation de la décrue des taux courts qui commence à peine, et le rendement des obligations long terme étant désormais plus faible, il est judicieux de de-meurer sur des obligations de maturités courtes pour bénéficier des mouvements des Banques Cen-trales. 

Une forte volatilité sur les marchés actions en raison des craintes nouvelles de récession mais égale-ment de résultats d’entreprises plus décevants ou moins bons qu’espérés dans le secteur technolo-gique. Les valorisations étant très élevées, la moindre déception entraîne des corrections importantes. L’action Nvidia, la star de l’intelligence Artificielle, a ainsi perdu 9.5 % le 3 septembre, faisant partir en fumée 280 milliards de dollars de capitalisation en une seule journée, évidemment un record. 

Les actions ont ainsi fortement baissé tout début août (jusqu’à 13 % de chute au Japon en une journée), pour connaître ensuite la plus forte semaine de hausse de l’année puis replonger début septembre (le mois statistiquement le plus mauvais en bourse) sous l’effet de chiffres d’emplois décevants aux USA. 

Le CAC 40, revenu fin août au niveau de fin juin vers 7600 points, a ainsi reperdu 3.8 % la 1re semaine de septembre pour afficher désormais une baisse de 2.5 % sur 2024. 

Comme toujours dans un contexte de ralentissement économique, il est recommandé de privilégier les valeurs défensives et les sociétés décotées et de délaisser les secteurs cycliques ou trop exposés à la croissance mondiale. Nous continuons à recommander prioritairement certains produits structurés qui permettent de se positionner sur les actions tout en bénéficiant de fortes protections à la baisse. 

Habemus Barnam 

Après 51 jours de conclave, la fumée blanche est sortie de l’Élysée et la France a désormais un nouveau Premier Ministre en la personne de Michel Barnier, ex-ministre, commissaire européen et négociateur en chef du Brexit pour l’Union Européenne. 

Le programme du Nouveau Front Populaire (« rien que le programme, tout le programme ») qui avait suscité de grandes et légitimes inquiétudes, ne sera donc pas appliqué. Pour autant la configuration politique à l’Assemblée laisse peu de marges de manœuvre au futur gouvernement pour faire face aux défis français, notamment sa trajectoire budgétaire particulièrement dégradée avec un déficit revu en hausse à 5.6 % en 2024, 6.2 % en 2025 et 6.7 % en 2026 (contre 5.1 %, 4.1 et 3.6 % dans la prévision précédente !). Le rétablissement des comptes publics passe par des lourdes réformes structurelles, à l’opposé des programmes pour lesquels les Français ont majoritairement voté lors des législatives (sur les retraites par exemple), et pour lesquelles M. Barnier ne dispose visiblement pas de majorité. 

La dette française va donc continuer à se creuser (attendue par la Cour des comptes à 124 % du PIB en 2026 contre 110 % actuellement), assombrissant fortement les perspectives de l’économie française. En conséquence, nous continuons à préconiser d’éviter les actifs purement français, à commencer par la dette de l’État. 

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