L’évolution des marchés financiers à l’annonce du second pic covid 19
L’accélération de la crise sanitaire en Europe et les mesures prises pour la juguler invalident à court terme le scénario de reprise économique mondiale.
Cette nouvelle vague de l’épidémie va en effet entraîner une rechute de l’activité. Toutefois, le confinement est moins généralisé et moins brutal qu’en mars et laisse une partie non négligeable de l’économie en état de marche dont les services publics, l’industrie et la construction. L’ampleur de la baisse sera ainsi sensiblement inférieure à celle du printemps et le gouvernement français estime que l’activité devrait retomber à 85 % de la normale en novembre contre 95 % en septembre-octobre, mais très au-dessus des 70 % d’avril (soit une perte de 1 à 1.5 % du PIB par mois).
Si le reconfinement est une mauvaise nouvelle et donne l’impression « d’un jour sans fin » selon l’expression d’Emmanuel Macron, des motifs d’espoir sont toutefois à souligner :
Le confinement n’est pas synchronisé : l’Asie et, dans une moindre mesure, les Etats-Unis semblent jusqu’à présent davantage épargnés.
Aux Etats-Unis, la pandémie s’accélère également depuis quelques jours, mais l’économie reste toujours solide, tirée par une consommation robuste et une production de biens en hausse. Le secteur de l’immobilier est même en forte croissance et agit comme un véritable moteur. La pénurie de logements pourrait d’ailleurs alimenter l’inflation qui repart progressivement.
Le PIB du troisième trimestre s’affiche à +33,1 % (+7,4 % en annualisé) après la chute de 31,4 % au second trimestre. C’est une vraie reprise en V.
Le grand gagnant de la période actuelle est la Chine. Tous les indicateurs sont au vert : industrie, services, commerce extérieur, consommation interne. La Chine a ainsi retrouvé son niveau d’avant crise. C’est aujourd’hui un élément rassurant pour la croissance mondiale et particulièrement pour certaines industries telles le luxe ou l’automobile.
Le soutien budgétaire (les Etats) et monétaire (Les Banques Centrales) va demeurer très important et plaide pour un scénario de choc de croissance positif dès que l’urgence sanitaire sera traitée. Les aides publiques vont être accrues par rapport au printemps et la logique du « quoi qu’il en coute » continue à prévaloir, sauvant les secteurs les plus touchés. Par ailleurs, la BCE a annoncé qu’elle assouplirait encore sa politique monétaire lors de la prochaine réunion de décembre.
Avec le temps qui passe, la probabilité de trouver un vaccin augmente. Plus d’une centaine de vaccins sont en développement et plus de 10 sont actuellement en phase 3. En Chine, certains vaccins commencent déjà à être utilisés. Dans les pays occidentaux, Pfizer, Moderna et Astra Zeneca au moins devraient présenter des résultats d’ici la fin de l’année et, s’ils sont positifs, les campagnes pourraient débuter dans le courant du premier semestre.
L’élection américaine va rapidement se dénouer (normalement)
Le futur président, quel qu’il soit, devrait pouvoir faire accepter par les parlementaires le plan de relance budgétaire, maintes fois espéré et toujours repoussé pour des raisons politiques. Le scénario d’une élection serrée et potentiellement contestée serait en revanche problématique.
L’après crise sanitaire, une relance économique potentiellement rapide
Enfin, l’expérience du printemps montre que le rebond en sortie de confinement est rapide et qu’un scénario de reprise forte le jour où la crise sanitaire sera derrière nous est à privilégier, même s’il faut reconnaitre que le timing reste impossible à prédire. Pour la plupart des analystes, une activité proche du niveau d’avant crise dès la fin 2021 est donc toujours d’actualité.
Sur les marchés, la dégradation sanitaire a provoqué une baisse nette (-10 % sur l’Eurostoxx 50) après 5 mois de stabilité. Le CAC est ainsi passé de la zone de 4800/5000 points à près de 4500 offrant une première opportunité d’achat pour ceux qui ont un horizon de moyen terme.
La volatilité est certes de retour après plusieurs mois de répit mais un certain nombre de secteurs peu dépendants de cette crise (digital, consommation courante, santé, énergies propres…) demeurent attractifs et toute baisse exagérée serait un point d’entrée.
Conclusion
L’impact de ce nouveau confinement en France est évidemment négatif et crée de la volatilité sur les marchés. Il faut toutefois remarquer qu’en mars les marchés ont commencé à rebondir peu après l’annonce des mesures de confinement.
Par ailleurs, des nouvelles positives sur l’élection américaine ou sur les vaccins pourraient constituer des facteurs de soutien dans les prochaines semaines.
Au-delà de la trajectoire à court terme, la perspective d’une sortie de crise sanitaire en 2021, couplée à des conditions financières extrêmement favorables, devrait soutenir les actifs risqués dont la valorisation relative est toujours plus attractive face à des taux sans risque historiquement très bas.
Rédigé le 2 novembre 2020